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Sous-sol : technique d'isolation

Comme nous l’avons déjà vu, l’isolation et l’étanchéité à l’air du sous-sol est un défi dans la rénovation. Dans ce projet, nous nous orientions vers une isolation en mousse de polyuréthane projetée. Le matériau est performant, peu écologique, mais sa mise en oeuvre en projection résout le problème de l’étanchéité, et de la multiplication des ponts thermiques dus à l’existant (tuyauterie, câbles, etc).

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Cependant, la projection de 20 cm de mousse de PU ne fait pas partie des habitudes. Comme pour d’autres parties du projet, il faudra innover. Passer deux couches successives semble la meilleure solution.

Pour se rendre compte de l’état du plafond du sous-sol, une petite visite de 3 minutes en vidéo :

Pour plus de qualité, vous pouvez la télécharger en HD.

TVA et rénovation

Finalement, quelle est la différence entre une construction neuve et une rénovation complète ? 14 % ! Entre le coût de la démolition et l’utilisation de l’existant, rénover totalement une maison coûte approximativement le même prix que de construire l’équivalent. C’est le point de vue du professionnel du bâtiment, qui raisonne hors TVA. Triste habitude d’ailleurs, que de parler de prix hors TVA à des particuliers…

14 %, c’est la différence arrondie entre la TVA à 19,6 % qui s’applique pour la construction neuve et la TVA à 5,5 % qui s’applique en rénovation. Et cela représente beaucoup d’argent si le projet prend une ampleur financière importante, comme c’est le cas pour une rénovation passive.

Mais pour bénéficier de ce taux de TVA exceptionnel, le projet doit être une pure rénovation. Les critères sont la pour éviter que les extensions et reconstructions puissent bénéficier de ce cet avantage fiscal :

  • pas d’extension (par addition de construction, surélévation, ou augmentation supérieure à 10 % de la surface SHON),
  • pas de modification de plus de la moitié des fondations, des murs ou des façades (hors ravalement),
  • pas de rénovation de plus des deux-tiers du second oeuvre (planchers, huisseries, cloisons, sanitaires, chauffage, électricité). Vous pouvez rénover entièrement une partie du second oeuvre, mais pas toutes les parties.
  • pas d’autres travaux “neufs” pendant deux ans.

L’attestation normale à produire pour bénéficier de la TVA réduite : Attestion TVA réduite normale

Dans les cas simples ou le calcul des proportions de rénovation n’est pas utile car des parties entières ne sont pas touchées, l’attestation simplifiée : Attestation TVA réduite simplifiée

Dans notre cas, il a fallu remplir une attestation normale, mais nous rentrons parfaitement dans le cadre d’une vraie rénovation. Il faut tenir compte des critères d’attribution de cette TVA réduite dès la conception pour éviter des modifications trop lourdes qui feraient basculer le projet vers une reconstruction ou une extension.

Etanchéité à l'air : MANEXI aux manettes

Logo ManexiPour les tests d’étanchéité à l’air, c’est la société MANEXI qui a été choisie. Intéressé par ce projet inhabituel, c’est aussi le prestataire agréé le plus proche, ce qui permet de diminuer les inévitables trajets automobiles.
Trois tests sont prévus : deux en cours de chantier, un dernier pour les certifications BBC rénovation et Maison Passive.

L’étanchéité à l’air, ce sera une des difficultés majeures du projet de rénovation passive. Comment se comporte le béton ? Que vaut la porosité de l’enduit extérieure actuel ? Pourra-t-il faire office de membrane ? Comment gérer les éventuelles fuites d’air venant des murs du sous-sol ? Une seule certitude : nous apprendrons beaucoup.

Le premier test aura lieu après la finition de la toiture et la pose des menuiseries, avant la pose de l’isolation extérieure.

Si MANEXI a été choisi, il faut aussi parler de Fiabitat, qui était naturellement dans la course. Trop éloigné géographiquement (plus de deux heures de voiture pour venir sur le chantier), sa connaissance et sa disponibilité n’ont pas failli à sa réputation.

La suite sur ce sujet ? Surtout après le premier test, donc dans plusieurs semaines.

Bureau d'Etude Thermique

Cela peut paraître une énormité pour de nombreuses personnes, certains professionnels du bâtiment, voire même des architectes (ça devient rare) : une maison, ça se calcule !

Depuis très longtemps, les maisons se dessinent et des règles d’usage (les DTU et/ou l’état de l’art) assurent que le bâtiment remplira son rôle. Pour les ouvrages d’art et les bâtiments plus importants, le calcul (surtout de structure) a toujours été de mise, pas pour la maison individuelle.

Pour la construction ou la rénovation d’habitation à très basse consommation, il faut calculer le comportement énergétique du bâtiment. Plus la performance exigée est haute, plus le calcul est prépondérant. S’invite alors dans le projet le Bureau d’Etude Thermique (BET). Cet intervenant est un partenaire complet du projet, nécessairement en liaison avec l’architecte, mais aussi avec les autres participants, dont le maître d’ouvrage (le propriétaire). Dans une maison passive, l’exigence est si élevée que chaque étape du projet passe par cet intervenant : pas de modification, majeure ou mineure, sans avis du BET, car peu de décisions sont sans impact sur le comportement énergétique.

PHPP

L’ingénieur en charge du projet utilise des outils spécialisés dans l’étude thermique, souvent plusieurs. Pour une maison passive, le principal est le logiciel PHPP, plutôt simple mais qui a l’immense avantage d’avoir été étalonné (c’est à dire validé par de nombreuses expériences et mesures) et qui donne donc des résultats corrects. Le PHPP sert à la conception de la maison, puisque c’est lui qui donne sa performance thermique selon les critères de la Maison Passive, les mêmes en neuf et en rénovation.

Logo Solares BauenDans notre projet, c’est Solares Bauen qui est chargé de ce rôle :

Solares Bauen est un bureau d’étude franco-allemand spécialisé depuis plus de 10 ans dans l’optimisation énergétique du bâtiment. Son rôle est d’identifier les solutions à mettre en oeuvre au niveau de l’enveloppe thermique et des équipement de chauffage, ventilation, de production d’eau chaude sanitaire pour limiter les consommations d’énergie dans le bâtiment. Pour cela nous nous appuyons sur la méthode de calcul PHPP, qui permet de calculer la performance du bâtiment et donc de déterminer les solutions. Dans le cadre d’une rénovation au standard maison passive, une attention particulière est réservée à la suppression des ponts thermiques. L’enveloppe thermique et son étanchéité à l’air doit être parfaite. Le moindre pont thermique ou imperfection dans l’isolation et l’étanchéité à l’air peut conduire à des besoins de chaleur supérieurs à ceux demandés pour un bâtiment passif.

Choisir une maison à rénover en très basse consommation

Pour obtenir une maison très performante énergetiquement, le plus simple est de la construire. Et plus la performance exigée est importante, plus cela se vérifie. Une maison atteignant la performance passive est plus abordable, tant techniquement que financièrement, en construction neuve qu’en rénovation (si on compte le prix d’achat du bâtiment existant).

Mais cela oblige à trouver des terrains libres. Dans les zones déjà saturées, cela signifie un éloignement des centres urbains, ce qui peut annuler toute la démarche par le besoin en transport qui en découlera. Habiter une maison passive loin des écoles et des commerces, obligeant ainsi à multiplier les parcours routiers, cela a-t-il un sens pour une famille ?

La rénovation sera donc de plus en plus la solution, reste à choisir la bonne base pour cette rénovation.
Actuellement, la pression économique et la conscience écologique sont encore faibles dans notre société. Les bâtiments les mieux disposés pour une rénovation passive (ou BBC) ne font pas encore l’objet d’un surcoût particulier. D’autres considérations semblent l’emporter. Il faut donc en profiter, car cela ne durera probablement pas.

Quelques points à regarder pour bien choisir une maison à rénover :

  • la situation géographique. L’habitation sera proche des principales “commodités” urbaines. On ne répétera jamais assez l’importance de pouvoir emmener les enfants à l’école à pied, de pouvoir acheter les produits essentiels (alimentaires, notamment) sans utiliser un véhicule. Ce genre de considération est déjà pris en compte par le marché immobilier. C’est une caractéristique du terrain, pas du bâtiment.
  • l’orientation. Une orientation favorable permettra un plus grande liberté dans la rénovation et un coût bien moindre. Concrètement, une façade dégagée doit être orientée au sud. Pas forcément plein sud, cela réduirait trop le choix. Mais entre le sud-est et le sud-ouest, c’est sûr. Un outil de base pour ce travail, c’est Google Earth et autre cartes. Calculer l’orientation exacte est un jeu d’enfant et cela permet de balayer rapidement toute une zone, rue par rue. C’est ainsi que des villes - et des rues - sont particulièrement favorisées, d’autres à éliminer. Ici, c’est une caractéristique qui mêle le terrain à l’implantation du bâtiment.
  • la compacité. Une bonne réhabilitation thermique est bien plus simple (donc faisable à des coûts supportables) sur une maison compacte. Une maison presque carrée est une bonne base. Une maison de plain-pied qui s’étale au sol sera moins favorisée qu’une maison avec étage : la surface à isoler est plus grande pour un même volume habitable. Les extensions, les décrochés, les volumes alambiqués sont autant de difficultés.
  • les limites séparatives. Si un pignon de la maison donne directement sur le terrain du voisin, l’isolation par l’extérieur ne sera pas possible, sauf démarche particulière (rachat d’une partie du terrain, etc). La rénovation thermique va devenir très compliquée. Eliminez ce cas de figure sans regret ! S’il reste un peu de place, étudiez le PLU de la zone pour voir ce que vous pouvez faire. Attention aussi à la hauteur maximale : l’isolation du toit va en rajouter des dizaines de centimètres.
  • les épis thermiques à démolir. Les “épis thermiques”, ce sont les structures extérieures qui sont en liaison avec la structure intérieure de l’habitation et qui ont la fâcheuse habitude de servir de radiateur. Les terrasses, balcons, extensions et autres murets qui transmettent la chaleur intérieure à l’extérieur (l’hiver) et inversement (l’été) - ruinant toute idée d’isolation performante - seront à supprimer. Si leur destruction ne met pas en péril le batiment, pas de pitié pour ces anomalies : il sera possible des les reconstituer plus tard, découplées de l’habitation par une épaisse couche d’isolant.
  • le sous-sol. Point crucial dans une rénovation thermique. Avant de débuter le projet, il faut avoir une idée précise d’une solution pour isoler le sous-sol. Si vous n’avez pas d’idée, demandez de l’aide d’un thermicien.
  • le toit. Il faudra rajouter de l’isolant, supprimer les fenêtres de toit en les remplaçant par des chiens assis. Soit la charpente actuelle supporte ces modifications, soit il faudra tout refaire. Ce n’est pas le même budget. L’orientation du toit et sa pente ont aussi de l’importance pour les capteurs solaires, qu’ils soient thermiques pour l’eau chaude ou photovoltaïques pour l’électricité. Le mieux : 45° plein sud. Mais le soleil est généreux et autorise des écarts importants.
  • le chauffage. Selon le mode de chauffage installé, il faudra en tirer partie. Un chauffage central ne se rénove pas pareil que de simples convecteurs électriques. Sachant que garder une chaudière sera inutile. Dans les faits, il faut étudier la suppression ou la réduction de beaucoup de radiateurs, et leur éventuelle alimentation par un source d’énergie renouvelable. Rappel : dans une maison passive, un système de chauffage traditionnel est inutile.

Prenez du temps, et soyez exigeant pour le choix de a maison à rénover. Les fondamentaux sont plus importants que les aspects décoratifs, temporaires. Ce sont des choix à long terme. Ces aspects seront de mieux en mieux pris en compte par le marché immobilier, jusqu’à la séparation entre bâtiments de valeur et bâtiments à détruire !

Santé et maison passive

La santé n’a pas de prix, entend-on souvent. Une des conséquences de la rénovation thermique d’une habitation est l’amélioration de l’état de santé de ses occupants. Comment est-ce possible ? Le fait de ne pas subir de variations de températures serait l’explication ? Peut-être, mais de façon marginale.

La grosse amélioration se situe dans la ventilation. Du fait de l’étanchéité de la maison, elle est mieux ventilée, puisque le flux d’air ventile correctement les espaces à vivre au lieu de passer d’une fuite à une autre. C’est donc au niveau des maladies respiratoires que l’amélioration est la plus notable : asthme, sinusite, rhume, bronchites. Par exemple, la motivation de rénovation passive peut venir d’un enfant asthmatique à qui on veut offrir une alternative aux traitements médicamenteux.

Filtre PaulUne maison passive est étanche et ventilée via une Ventilation Mécanique Contrôlée (VMC) double flux. Celle-ci est équipée de filtres pour protéger l’installation (grossiers, type G4). Mais il est possible de les équiper d’autres filtres plus fins (type F8) qui bloquent les pollens et certaines pollutions. Non seulement, l’air est correctement renouvelé, mais avec de l’air filtré, ce qui explique bien les améliorations “respiratoires” des habitants de maisons passives.

Barrière d'étanchéité en rénovation

Une maison passive doit être étanche à l’air. Une maison normale ne l’est pas. Lors d’une rénovation passive, il faut rendre la maison étanche, en plus de l’isolation thermique. C’est lié : tout défaut d’étanchéité perturbe grandement l’isolation et annihile les efforts de performance.
Un des questions lors de la conception de la rénovation passive est donc de placer la barrière d’étanchéité. Comme la maison est maçonnée et est isolé à l’intérieur par des plaques pleines de trous (prises, passages, etc), l’intérieur n’est pas envisageable. Il reste la façade extérieure. Logiquement, la barrière d’étanchéité sera au niveau de l’enduit extérieur actuel. Les dormants des fenêtres seront joints à cet enduit. La membrane d’étanchéité du toit y sera aussi relié. Si l’enduit extérieur est trop poreux, il faudra ajouter une membrane sur les murs.
Il restera à étancher le plafond du sous-sol, lui aussi percé de multiples trous de câbles, de tuyaux et autres gaines.
Le schéma électrique sera à revoir, notamment car le tableau électrique est au sous-sol, ce qui crée une fuite importante entre la zone chauffée et celle non chauffée par les gaines électriques.

Un projet d'exception

Ce n’était pas l’idée de départ, mais ce projet de rénovation passive certifiée prend une nouvelle dimension avec l’étude de l’existant en France. Si on regarde la liste des maisons passives certifiées, elle est toute petite : http://www.bddmaisonpassive.fr/ (entrer uniquement le Country France). Uniquement des maison neuves.
La rénovation passive a pourtant été tentée : une fois à Paris (avec un budget en conséquence) et une fois à Caluire, pour une grande maison, délicate à rénover. Ces projets sont remarquables et ont permis d’atteindre une performance thermique supérieure au bâtiments basse consommation.
Mais la certification n’a pas été obtenue à cause de performances insuffisantes (étanchéité ou besoins de chauffage).
Le défi est donc posé : parvenir à la certification passive en rénovation pour la première fois en France. Espérons que tous les acteurs de ce projet prennent la mesure de son ampleur, en faisant leur possible tout en restant humble face à la tâche !

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