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ANCP : la France entre l'Europe et les régions

Aux Assises Nationales de la Construction Passive, quelques conférences sont venues éclairer l’avenir du bâtiment français. Une lumière venue de l’intérieur, les régions françaises et de l’extérieur, la Communauté Européenne et nos voisins. Plus facile d’avancer avec un tel éclairage.

Affiche ANCP 2010

La région Bourgogne, une des pionnières des PREBAT, a exposé sa vision du bâtiment d’avenir : le BBC n’est pas suffisant donc plus subventionné, le passif est le bon échelon, avec une dose d’écologie supplémentaire. Pragmatisme, formation, résultats sont à l’ordre du jour, et tant pis pour les lourdeurs réglementaires nationales. D’autres régions sont engagées sur la même voie. Comme l’échelon régional est pertinent dans le bâtiment, nous avons vu se dessiner une tendance très positive par ceux qui ne veulent pas subventionner des bâtiments insuffisants, qui ne rempliront pas leurs obligations sociales.

ANCP 2010 Bourgogne 1

La Communauté Européenne communique sur la future directive sur l’énergie dans le bâtiment. La dénomination exacte est “Near Zero Energy Building” (bâtiment à consommation négligeable) et l’échéance est pour 2020 (2018 pour le secteur public). Pas de standard précis pour ne froisser aucun pays, mais le niveau PassivHaus était dans toutes les têtes, avec un gros doute sur le fait que le BBC puisse répondre aux critères.

ANCP 2010 Europe 1

Plus fort, plus rapide, plus proche : la position de Bruxelles (Belgique) est claire. Le passif y sera obligatoire en 2015. Dans 5 ans ! En conséquence, tout le monde s’y met. Parce que 5 ans pour un gros secteur d’activité comme le bâtiment, c’est très court. Mais les méthodes, les outils, les produits, l’expérience existent : “Y’a qu’à se baisser pour ramasser”.

ANCP 2010 Belgique 1

Des logements sociaux sans facture d’énergie pour les locataires ? Cela existe en Belgique, simplement parce que le bâtiment produit plus d’énergie qu’il n’en consomme. La précarité énergétique solutionnée par l’absence du double loyer !

Et la France dans tout ça ? Le chemin vers les bâtiments à énergie positive est semé d’embûches réglementaires et d’obstacles retardants. Actuellement, se prépare l’application de la Réglementation Thermique 2012 (BBC) qui va sérieusement améliorer les choses, sans pour autant remplir les objectifs initiaux d’économies d’énergie.

ANCP 2010 France 1

Précarité énergétique

La précarité est une absence de sécurité qui peut prendre de nombreuses formes. Les précarités sociales et économiques sont assez connues.

Depuis que le prix de l’énergie augmente, et que nous anticipons une augmentation, dont seule l’ampleur fait débat, le concept de précarité énergétique fait son apparition : aurons nous les moyens de payer toute l’énergie que nous consommons ?

La question peut se poser à l’échelle d’un continent, d’un pays, d’une collectivité et surtout d’un foyer.

A l’échelle individuelle, cette précarité existe déjà. Les services sociaux ont maintenant l’habitude de régler les factures d’énergie des ménages les plus en difficulté pour leur permettre de se chauffer, se nourrir, etc. Un transfert entre l’argent public issu de la solidarité locale et nationale vers les vendeurs d’énergie, en passant à peine par les consommateurs…

Dans ce schéma, il n’y a pas d’incitation aux économies d’énergie, ni de souci écologique, ni l’idée d’investir pour sortir les ménages en difficulté de cette précarité énergétique en leur rendant leur “indépendance” financière.

Pour concilier les aspects écologiques et sociaux, il est donc indispensables de lancer des investissements lourds dans la rénovation thermique des logements sociaux. Les collectivités locales ont une facilité pour identifier les bâtiments prioritaires, puisqu’elles subissent une partie des charges.

S’il y a un secteur de l’immobilier qui est prioritaire dans la rénovation passive, c’est donc bien le logement social. Le petit et le grand collectifs s’y prêtent souvent bien, par leurs formes compactes initiales. Eviter le “double loyer” à des personnes qui ont du mal à payer le simple loyer, en même temps que le gaspillage énergétique doit donc devenir une priorité !

Et pourtant, malgré la créativité débridée dont font preuve les financiers sur d’autres sujets, il semble que la transformation des économies énergétiques et des aides sociales en investissements pour l’amélioration thermique ne soit pas évidente. Manque de motivation ?