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Températures d'avril et record de consommation

Voilà plusieurs mois que nous n’avons pas publié de courbes de températures. Année après année, les mesures s’enchainent et se ressemblent. D’un côté, c’est lassant. De l’autre, cela montre que la maison tient ses promesses dans le temps. Elle est toujours bien passive, six ans après la certification. On se plaindrait à moins !

L’hiver a été rude, les consommations plutôt élevées (par rapport à l’hiver dernier) et le confort est resté de premier plan. Le printemps se pointe sérieusement, avec un très beau mois d’avril et ses grandes amplitudes de température quotidiennes, dues aux nuits fraiches et aux journées ensoleillées.

Les petits radiateurs d’appoint ont été remisés à la mi-mars, comme d’habitude. Tiens, au bout de six ans, après un hiver rude, répétons le : il n’y a pas de radiateur ou autre chauffage dans les chambres de notre maison. C’est inutile dans une maison suffisamment isolée. C’est dit !

Place aux courbes : la courbe rouge représente la température extérieure, la courbe bleue la température intérieure. Températures avril 2017(pour agrandir, cliquez sur l’image)

Ce mois-ci, c’est la stabilité de la température intérieure qui est spectaculaire. Les températures extérieures ont beau jouer au yo-yo, les variations à l’intérieur se comptent en dixièmes de degré. On peut même distinguer deux jours complets sans aucune variation mesurée. Isolation, inertie et double-flux : ça fonctionne très bien.
Rappel  : pas de chauffage, pas de climatisation, juste la ventilation.

Grâce au soleil et à la passivité de la maison, la consommation a été très faible, deux fois plus faible que l’année dernière. Le soleil a été généreux : il a suffi à chauffer l’air et toute l’eau (7 kWh pour le mois par le CESI). Réjouissons-nous : la maison vient de battre un record de faible consommation : 7 kWh par jour.

Températures d'octobre

L’été s’est bien passé dans la maison, elle s’est comportée comme une vraie maison passive : la température reste confortable sans climatisation ni chauffage.

Voici l’automne, la mi-saison révélatrice de la performance de ce type de bâtiment. Les voisins ont mis le chauffage, les nuits et certaines journées peuvent être fraîches. Le soleil est pourtant encore présent. La maison profite des apports solaires pour éviter une consommation énergétique inutile.

Place aux courbes : la courbe rouge représente la température extérieure, la courbe bleue la température intérieure. Températures octobre 2016(pour agrandir, cliquez sur l’image)

Les courbes parlent d’elles-mêmes : il commence à faire froid dehors, l’isolation empêche la température intérieure de baisser, le soleil et les apports internes suffisent à assurer le peu de chauffage nécessaire. Une belle démonstration du fonctionnement d’une maison passive !
Ce matin de la fête de la Toussaint (ce n’est pas sur la courbe, mais on peut y retrouver des jours similaires), il faisait 4°C dehors après une nuit dégagée (donc fraiche) et 23 °C à l’intérieur, sans autre chauffage que ce soleil persistant.

Grâce à ce soleil et à la passivité de la maison, la consommation a été faible pour un mois d’octobre, à 10 kWh par jour. Le soleil a été généreux : il a suffi à chauffer l’air et presque toute l’eau (2 kWh par jour pour le CESI). C’est probablement le dernier mois de l’année si favorable, l’électricité sera nécessaire en novembre pour assurer le confort.

Remise en route du chauffe-eau solaire

Pour cause de vase d’expansion défectueux, puis de fuite entre les collecteurs, notre chauffe-eau solaire est devenu il y a quelque mois un simple chauffe-eau électrique. Quand on sait que dans une maison passive, le chauffage de l’eau sanitaire est souvent (et c’est notre cas) la plus grosse dépense énergétique, cela pose un vrai problème.

Pourquoi quelques mois ? Parce que Atouts Service, l’installateur initial, n’a pas su réparer dans des délais raisonnables. Il semble que l’organisation interne de cette structure ne permette pas aux techniciens de supporter efficacement notre installation. Déconseillé.

Changement de boutique, c’est la SARL Rasmussen qui a repris en main l’installation : diagnostic, réparation puis améliorations.

La fuite entre les collecteurs a été identifiée, le circuit inspecté. Le glycol a été changé en grande partie, et le chauffe-eau solaire est reparti. Mais il y avait des améliorations à apporter :

  • l’alignement à gauche des panneaux sur la grande lucarne, qui aurait du être fait dès la pose il y a deux ans, conformément au dessin d’architecte,
  • l’isolation du tuyau façon maison passive. L’isolation posée d’origine il y a deux ans était abimée, insuffisante et inesthétique. La nouvelle, deux fois plus épaisse et terminée correctement, permettra de gagner en rendement en période froide.

Tubes solaires

Isolation du sous-sol : polyuréthane projeté

C’était la dernière grande étape pour obtenir une maison techniquement passive : le plafond et le haut des murs du sous-sol a reçu sa couche d’isolant. Pour diminuer l’épaisseur et garder une hauteur utilisable, nous avons choisi le polyuréthane.

Camion SynersolEt pour renforcer l’étanchéité qui pouvait encore être améliorée, c’est de la mousse projetée, celle qui envahit tous les recoins, qui a été mise en oeuvre par eFrance Isolation qui utilise le procédé SynerSol.

Soyons francs : le produit n’est pas écologique. Le seul vert, c’est sa couleur après vieillissement. Mais il a quand même de sérieux atouts : performant, sa conductivité thermique de 0,025 W/mK le rend meilleur isolant que la plupart des autres produits. Et comme tout isolant bien appliqué permet d’économiser de l’énergie, c’est quand même plus écologique que de ne pas isoler. La mousse projetée a aussi pour avantage d’annuler les coûts de transport sur le chantier, puisque les composants liquides sont stockés dans des cuves dans le camion qui amène les applicateurs. Le volume n’apparaît qu’après application sur les parois !
En contrepartie, l’application est “sale” : les vapeurs dégagées exigent le travail avec masque à gaz et combinaison intégrale. Les projections collent sur tout, il faut très bien protéger ce qui ne doit pas être isolé. Dans notre cas, la protection était insuffisante et nous n’avons toujours pas fini le nettoyage… Projection de la mousse de polyuréthane

Une des principales fuites dans la maison se trouvait en haut de ce mur, où était l’ancien tableau électrique. Pas sûr que l’air arrive encore à passer : Mousse sur trou électrique Si la mousse de polyuréthane n’est pas considérée comme un pare-vapeur, l’air et l’humidité ont tout de même du mal à se frayer un chemin !

Le procédé Synersol est destiné à isoler les … sols. Si le produit s’applique plutôt bien sur les murs et donne un état de surface correct (mais pas lisse), il n’est pas adapté à la projection au plafond. Non seulement, il coule vers le sol (sans tomber), mais en plus il ne peut pas être projeté perpendiculairement au plafond. Ce qui donne un aspect final peu engageant. Il faudra trouver un moyen d’abraser le surplus de mousse (il y a 25 cm par endroit pour 20 cm prévu) pour retrouver un plafond correct. L’autre défi est de trouver une finition qui n’exige pas de traverser l’isolant (pour éviter tout pont thermique).
Isolation sous-sol

L’efficacité de l’isolant se fait nettement sentir, mais d’une façon inattendue. Si l’intérieur de la maison (la zone habitable) n’a pas subi de modification (c’est l’été), le sous-sol est devenu plus frais. En effet, maintenant que le plafond et le haut des murs du sous-sol est fortement isolé, la principale zone d’échange thermique est le sol. or celui-ci est en contact direct avec la terre à plus d’un mètre sous le niveau du terrain, donc qui reste fraîche comme dans une cave souterraine.

Il fait meilleur dedans !

La forte montée de la température extérieure permet d’expérimenter le confort d’été de la maison. Si le thermomètre affiche plus de 30 °C dehors, il reste à un raisonnable 25 °C dedans en fin de journée. Pas trop envie de laisser la porte et les fenêtres ouvertes par une chaleur pareille : rester au frais est agréable.

BSO nord baissésProtection solaire, isolation et inertie du béton freinent efficacement la montée de la température intérieure, malgré des apports internes non négligeables (activité des enfants, cuisine, informatique). L’apprentissage de la stratégie de refroidissement se fait doucement : surventilation le matin au réveil par ouverture des fenêtres, abaissement des toutes les protections solaires pendant la journée, il n’y a pas d’autres contraintes. Résultat : le sommeil ne sera pas gêné par la chaleur et la fatigue est moins présente.



Enercoop, électricité d'origine renouvelable

Graphique NagawattLa maison passive est une application plutôt réussie de la démarche Negawatt dans le bâtiment. Au risque de rabâcher, cette démarche se déroule en trois phases à appliquer dans l’ordre : la sobriété, l’efficacité et le renouvelable.

Dans le logement passif, la sobriété passe par l’isolation et l’étanchéité qui diminuent les besoins de chauffage et de climatisation jusqu’à les rendre négligeables. L’efficacité passe par une ventilation à récupération de chaleur, des appareils électroménagers à faible consommation et des accessoires électriques plus sobres, dont l’éclairage économique.

L’énergie renouvelable est générée par les panneaux solaires thermiques pour l’eau chaude sanitaire et d’éventuelles autres sources (panneaux photovoltaïques, éoliennes). Pour boucler la démarche Negawatt (la maison passive ne l’exige pas), il faut préférer l’usage d’électricité d’origine renouvelable pour les consommations restantes. Pas question de se passer d’ordinateur, de lumière, de cuisson ou conservation par le froid, mais la faible consommation permet de payer au juste prix une électricité qui ne détruit pas trop notre environnement.

Enercoop macaronAprès l’installation des tubes solaires, nous avons choisi Enercoop pour fournir notre électricité. Cette Société Coopérative d’Intérêt Collectif (dont nous devenons au passage sociétaire) injectera ainsi sur le réseau autant d’électricité d’origine renouvelable que nous en consommerons.

En image : Enercoop traçabilité

Concrètement :

  • nous passerons d’un abonnement Heures pleines/ Heures creuses de 15 KVA à à un abonnement basique de 9 KVA,
  • nous payerons le KWh 15 centimes d’euros,

Pourquoi payer son électricité “verte” plus chère ?

  • nous n’aurons pas besoin de panneaux photovoltaïques sur la maison puisque les producteurs sociétaires d’Enercoop font ça bien mieux que nous,
  • les consommateurs peuvent exprimer leurs choix avec leur porte-monnaie. Dans une économie libérale, c’est la méthode la plus efficace,
  • le tarif Enercoop n’évolue pas à la hausse et n’évoluera pas démesurément comme c’est probable pour le tarif EdF. Les productions renouvelables donnent un tarif “plafond” à l’électricité puisqu’elles sont peu sensibles aux aléas extérieurs comme le combustible, le démantèlement, etc.
  • comme nous avons déroulé la démarche Negawatt dans l’ordre, le surcoût sera faible dans la réalité, puisque nous consommons peu. Passer au renouvelable avant d’avoir obtenu la sobriété et l’efficacité semble incohérent et se paye trop cher. C’est valable individuellement comme collectivement.

Actuellement, une majorité de l’approvisionnement d’Enercoop vient des barrages hydroélectriques d’EdF, puisque c’est la source d’énergie renouvelable la plus importante en France, en attendant que les autres sources (biogaz, éolien, photovoltaïque) prennent de l’ampleur.

Raccord isolant-menuiserie, détail passif

La suppression des ponts thermiques est la règle dans la construction passive, en rénovation comme en neuf. Les menuiseries certifiées passives sont conçues pour éviter les ponts thermiques, mais il faut parfaitement les raccorder à l’isolant pour les annuler complètement. Le détail de pose est important : le dormant des menuiseries doit disparaître dans l’isolation, ne laissant visible que l’ouvrant (ou l’équivalent pour les châssis fixes).

Raccord isolant imposte Raccord de l’isolation avec l’impose (châssis fixe) : l’aluminium disparaît sous le compribande, la fibre de bois du dormant se retrouve sous 30 cm de PSE.

Raccord isolation porte Raccord de l’isolation avec la porte d’entrée : le bois sert de support au compribande, le dormant disparait entièrement sous l’isolant.

Raccord blocs PSE porte Les blocs de polystyrène expansé graphité suppriment efficacement le pont thermique. La précision de pose est plus de l’ordre du millimètre que du centimètre.

21°C, partout et tout le temps

Thermomètre 21 La formule est trop brutale pour être exacte, mais c’est l’état de l’intérieur de la maison actuellement. Il fait 21°C dans toutes les pièces, à quelques dixièmes de degrés près. Et la température ne veut plus bouger, que ce soit entre le jour et la nuit (malgré le très fort contraste de ces derniers jours) ou d’un jour à l’autre.

Sans chauffage ni climatisation, bien entendu.

L’explication est relativement simple : l’isolation extérieure est terminée (même si la finition n’est pas faite), les brises soleil et les triples vitrages font leur travail en évitant la surchauffe, la VMC double flux à haut rendement rend les températures homogènes. Il manque encore l’isolation du sous-sol pour finir la passivation. La masse de béton (murs et planchers) est passée de la zone externe à la zone interne (on pourrait dire chauffée, mais sans chauffage), amenant une inertie thermique très perceptible.

Façade sud avril

Une autre idée du confort, que les systèmes actifs (chauffage, climatisation) les plus sophistiqués ont bien du mal à atteindre !

Isolation extérieure, sensation intérieure

Un des rares avantages d’habiter une maison en cours de rénovation, c’est de ressentir les changements au fur et à mesure de leur arrivée. Si le toit et les menuiseries étaient en place au moment du déménagement, l’isolation extérieure n’était pas commencée.

L’équipe d’Ecovalis a commencé par le pignon est, puis la façade sud. Le pignon ouest est presque recouvert et la façade nord est pour la semaine prochaine.

Isolation extérieure coin nord ouest

Cette progression transforme le confort intérieur de la maison. L’isolation extérieure supprime des ponts thermiques, annule les points froids et donc rend la température plus homogène. Les pièces isolées deviennent plus chaleureuses sans devenir plus chaudes. Mais puisque l’isolation n’est pas terminée, cela dépend des pièces. C’est une sensation difficile à décrire, mais elle permet de ressentir le confort apporté par une bonne isolation, sans explication ni calcul.

Par analogie avec la décoration qui peut rendre une pièce visuellement plus grande, l’isolation soignée rend les pièces thermiquement plus grandes. L’appui de fenêtre de la cuisine, qui était à température extérieure est maintenant à température intérieure, le café du matin est bien plus agréable…

Appui fenêtre cuisine

Fixation de l'isolant extérieur

L’isolation extérieure est faite de blocs de polystyrène expansé graphité (PSE gris). Pour fixer ces blocs sur le murs, il existe plusieurs méthodes. La plus classique pour cette épaisseur est de cheviller à travers les blocs dans le mur (technique dite calé/chevillé). Mais cela nous posait plusieurs problèmes :

  • pour la thermique : chaque clou qui passe à travers le bloc est un pont thermique ponctuel qui est défavorable et doit être pris en compte dans le calcul. Pour palier à ce problème, il existe des clous à rupture de pont thermique (une partie est en plastique), mais ce n’est pas aussi bon que du polystyrène,
  • pour l’étanchéité : chaque cheville est un trou dans la barrière d’étanchéité. Et vu le nombre de chevilles prévues ( 8 au m2), cela faisait trop de trous et aurait sérieusement dégradé l’étanchéité de la maison,
  • pour l’économie : les chevilles coûtent cher, plus que la colle.

Il est aussi possible de coller les blocs avec un mortier spécial. A condition que le support soit adapté, suffisamment solide et de bonne composition (enduit hydraulique). C’était évidemment la solution préférable, mais elle dépendait de la qualité de l’enduit initial. Cela fait partie des défis de la rénovation. Pour cela, un test à l’arrachement a été effectué : Pastille arrachement Pastilles collées à différents endroits avec deux mortiers différent avant arrachement contrôlé

Les résultats des tests se sont avérés concluants, de justesse. La pose se fait donc au mortier, mais non pas par plot, mais à la spatule crantée, donc en collage continu : Collage bloc PSE

Dans les parties délicates, un double encollage est nécessaire. Il sert aussi à renforcer l’étanchéité à l’air la ou il existait encore un doute : Double encollage bloc PSE

Du soin apporté à la découpe et à la pose dépend directement la qualité de l’isolation. Si l’isolation intérieure traditionnelle n’est pas avare de gros et petits ponts thermiques, le but de l’isolation extérieure est bien de les supprimer, même les petits. La pose de gros blocs est donc d’autant plus délicate, car ils doivent être bien jointifs.

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