Toit terminé

Le toit est maintenant terminé, les aérations, les boites à eau et autres bords ont été posés. Après suppression de la protection adhésive sur presque toute la surface, il a pris son aspect définitif. Pour ceux qui ne suivent pas au jour le jour, c’est du zinc prépatiné, de couleur anthracite.

Coté rue :
Toit zinc nord

Coté jardin :
Toit zinc sud (il reste juste de quoi finir les panneaux solaires)

Les bâches sont donc reparties, reste l’échafaudage pour quelques semaines, pour la finition des murs avec l’enduit (la couleur actuelle n’est pas la définitive). Ce ne sera pas la fin des travaux, mais une bonne étape de franchie.

Etanchéité à l'air : la liaison entre le toit et les murs

La barrière d’étanchéité doit être continue pour qu’elle soit efficace. Dans ce projet, il faut donc assurer une continuité entre le pare-vapeur qui est sous le toit et l’enduit qui est actuellement à l’extérieur des murs. Comment faire ?

Si l’enduit est suffisamment lisse, il existe des adhésifs épais double face qui font ça bien. Si une reprise d’enduit est envisagée, un produit comme le CONTEGA PV de pro clima sera tout indiqué.

Mais si l’enduit est granuleux et que la reprise est trop coûteuse, c’est moins simple. La solution utilisée est un gros cordon de mastic butyl ou de colle MS polymere. Les deux semblent adéquats. Un épais cordon de mastic est déposé sur l’enduit, puis le pare-vapeur est marouflé au rouleau par dessus pour que le joint s’écrase et colle bien.

Collage pare-vapeur enduit Ici, on voit le pare-vapeur gonflé par la surpression, ce n’est pas le joint qui fuit mais la reprise en ciment des trous dans l’enduit.

Collage pare-vapeur angle Les angles sont délicats a traiter, il ne faut pas hésiter à recouvrir, coller largement et mastiquer encore. Sur 99 % de la longueur, c’est parfait, mais il restait des petits défauts que le test a bien détecté.

La détection de fuite se fait en surpression d’environ 80 Pa (ça pousse fort), il faut que la barrière soit étanche même sous contrainte.

Merci à Olivier pour la question !

Isolant supplémentaire sur le toit : la fibre de bois

Remplir les caissons de ouate de cellulose, c’est efficace, mais la chaleur pourrait s’infiltrer entre les caissons, c’est à dire dans l’épaisseur des poutres en I. Pas bien grave, dirons les habitués de l’isolation entre chevrons : c’est du bois, plutôt isolant. Sauf que ces dizaines de mètres de ponts thermiques, même fins, doivent être évités dans une maison passive : le toit est la principale source de déperdition de chaleur, il faut donc traiter son isolation plus soigneusement que le reste.

Palette fibre de boisPar dessus les poutres il y a donc 6 cm de fibre de bois, un autre isolant écologique. Ici, c’est du UD-Q11 protect de Homatherm qui est utilisé. Ces panneaux rigides font office d’isolant, de pare-pluie et de pare-vent.
Il y a aussi des fines plaques de fibre de bois (2cm) sur les flancs des chiens assis, pour les mêmes raisons.

Habillage laine de bois

Insufflation de la ouate de cellulose

Paquet ouate de celluloseL’isolant principal du toit, c’est de la ouate de cellulose. Le produit choisi est UniverCell (jeu de mot facile).
Qu’est-ce que la ouate de cellulose ? A l’origine, c’est du papier journal recyclé. Il a été transformé pour récupérer les fibres de cellulose (le papier est fait de cellulose) et traité pour éviter les désagréments de la matière et la rendre conforme à l’utilisation dans le bâtiment. Si ce n’est pas l’isolant le plus performant thermiquement, ni le moins cher, il présente un excellent compromis performance/écologie/coût/mise en oeuvre.

Insufflation ouate de celluloseLa ouate est livrée en paquets fortement compressés. La machine d’insufflation (en rouge en bas sur la photo) se charge de décompacter la ouate avant de la pousser à travers un long tuyau dans les caissons formés par les chevrons en I et les plaques de bois. L’avantage, c’est que la pose est plutôt facile (lorsque la machine veut bien se laisser faire) et l’isolation complète puisque l’isolant remplit le moindre interstice vide.

La manipulation de la ouate est agréable grâce à sa douceur. On en retrouve un peu partout autour mais sans que cela présente un vrai inconvénient : un bon coup d’aspirateur et tout est propre. Aucune crainte non plus de se retrouver avec des démangeaisons et autres réactions comme pour les fibres minérales (laines de verre ou de roche).

Etanchéité à l'air du toit : suite mais pas fin

La membrane d’étanchéité à l’air sous le toit se déploie. Rigueur et soin sont critiques dans cette partie (rappel : le test d’étanchéité à l’air viendra vérifier la qualité du travail). Le charpentier a eu recours à deux modèles de pare-vapeur pour le dessous de toit :

  • Pare-vapeur renforcéles parties “écrasées” et qui risquent d’être abimées sont en pare vapeur translucide armé, le Delta-Fol BDF de Doerken. Sa résistance fait sa force, mais c’est un pare-vapeur “simple” (sa perméance est fixe),
  • Pare-vapeur Intello les parties dégagées qui seront définitivement protégées par les plaques d’OSB sous la pente sont en pare-vapeur hygrovariable INTELLO de pro-clima.

C’est quoi hygrovariable ?
Un pare-vapeur doit être étanche à l’air mais laisser passer la vapeur d’eau pour assurer une bonne qualité de l’air intérieur. La capacité à laisser passer la vapeur d’eau est appelée la perméance. Un pare-vapeur normal a une perméance fixe, il laisse donc passer peu de vapeur d’eau, quelles que soit les circonstances. C’est bien lorsque l’air est sec, mais pas bon s’il faut évacuer l’humidité. Le pare-vapeur hygrovariable répond à ce besoin : il laisse passer la vapeur d’eau si l’air est humide (l’air chaud et humide de l’été) et freine fortement la vapeur d’eau si l’air est sec (l’air froid et sec de l’hiver). Sa perméance est donc variable selon l’humidité (hygrovariable). En cas d’humidité, il peut laisser passer 40 fois plus de vapeur d’eau qu’avec un air sec : il “s’ouvre” pour évacuer l’humidité envahissante.

Pourquoi avoir remplacé tout le toit ?

C’est la question du jour. Le démontage complet du toit existant a troublé quelques visiteurs. Certains pensent que c’est pour surélever le toit. Le toit étant presque à la hauteur maximale permise (9 m), ce n’est pas possible.

La vraie raison est qu’il fallait se débarrasser de l’isolant existant, trop faible, pour en remettre 4 fois plus. L’isolation du toit est en effet celle qui doit être la plus épaisse dans une maison bien isolée et donc la plus lourde. La structure du toit existant ne pouvait supporter les 40 cm d’isolant prévus.

De plus, la construction d’une lucarne très large coté jardin pour multiplier les apport solaires et des deux petites coté rue demandait de très grosses modifications.

Si on ajoute à ça la difficulté d’obtenir une bonne étanchéité à l’air d’une charpente existante, le remplacement intégral s’imposait.

La nouvelle charpente est épaisse et elle contraste singulièrement avec l’existant : Charpente épaisse

L’imposante section de la faîtière n’est pas la conséquence d’une charge exceptionnelle à supporter, mais simplement de l’épaisseur de l’isolant qui viendra remplir la structure. Si ces dimensions peuvent étonner, elles deviendront la règle dans les prochaines années. Et les spécialistes des maisons passives comme SACET ne semblent plus éprouver de difficultés à réaliser des charpentes de ce gabarit sur des maisons individuelles.

Toit en souffrance

Cette semaine a vu l’arrivée de l’échafaudage, encore incomplet mais suffisant pour avancer dans la démolition du toit. Les chiens assis se sont couchés dans un tas de gravât, les tuiles sont presque toutes parties. Beaucoup ont été récupérées car elles sont encore en bon état.

Tas de gravat

Les bâches ont bien du mal à contenir la pluie qui arrive, le vent prenant un malin plaisir s’insérer dans les défauts de fixation.

Toit sans tuile

Le reste de l’échafaudage arrivera le semaine prochaine, pour permettre de supprimer la cheminée.

Choisir une maison à rénover en très basse consommation

Pour obtenir une maison très performante énergetiquement, le plus simple est de la construire. Et plus la performance exigée est importante, plus cela se vérifie. Une maison atteignant la performance passive est plus abordable, tant techniquement que financièrement, en construction neuve qu’en rénovation (si on compte le prix d’achat du bâtiment existant).

Mais cela oblige à trouver des terrains libres. Dans les zones déjà saturées, cela signifie un éloignement des centres urbains, ce qui peut annuler toute la démarche par le besoin en transport qui en découlera. Habiter une maison passive loin des écoles et des commerces, obligeant ainsi à multiplier les parcours routiers, cela a-t-il un sens pour une famille ?

La rénovation sera donc de plus en plus la solution, reste à choisir la bonne base pour cette rénovation.
Actuellement, la pression économique et la conscience écologique sont encore faibles dans notre société. Les bâtiments les mieux disposés pour une rénovation passive (ou BBC) ne font pas encore l’objet d’un surcoût particulier. D’autres considérations semblent l’emporter. Il faut donc en profiter, car cela ne durera probablement pas.

Quelques points à regarder pour bien choisir une maison à rénover :

  • la situation géographique. L’habitation sera proche des principales “commodités” urbaines. On ne répétera jamais assez l’importance de pouvoir emmener les enfants à l’école à pied, de pouvoir acheter les produits essentiels (alimentaires, notamment) sans utiliser un véhicule. Ce genre de considération est déjà pris en compte par le marché immobilier. C’est une caractéristique du terrain, pas du bâtiment.
  • l’orientation. Une orientation favorable permettra un plus grande liberté dans la rénovation et un coût bien moindre. Concrètement, une façade dégagée doit être orientée au sud. Pas forcément plein sud, cela réduirait trop le choix. Mais entre le sud-est et le sud-ouest, c’est sûr. Un outil de base pour ce travail, c’est Google Earth et autre cartes. Calculer l’orientation exacte est un jeu d’enfant et cela permet de balayer rapidement toute une zone, rue par rue. C’est ainsi que des villes - et des rues - sont particulièrement favorisées, d’autres à éliminer. Ici, c’est une caractéristique qui mêle le terrain à l’implantation du bâtiment.
  • la compacité. Une bonne réhabilitation thermique est bien plus simple (donc faisable à des coûts supportables) sur une maison compacte. Une maison presque carrée est une bonne base. Une maison de plain-pied qui s’étale au sol sera moins favorisée qu’une maison avec étage : la surface à isoler est plus grande pour un même volume habitable. Les extensions, les décrochés, les volumes alambiqués sont autant de difficultés.
  • les limites séparatives. Si un pignon de la maison donne directement sur le terrain du voisin, l’isolation par l’extérieur ne sera pas possible, sauf démarche particulière (rachat d’une partie du terrain, etc). La rénovation thermique va devenir très compliquée. Eliminez ce cas de figure sans regret ! S’il reste un peu de place, étudiez le PLU de la zone pour voir ce que vous pouvez faire. Attention aussi à la hauteur maximale : l’isolation du toit va en rajouter des dizaines de centimètres.
  • les épis thermiques à démolir. Les “épis thermiques”, ce sont les structures extérieures qui sont en liaison avec la structure intérieure de l’habitation et qui ont la fâcheuse habitude de servir de radiateur. Les terrasses, balcons, extensions et autres murets qui transmettent la chaleur intérieure à l’extérieur (l’hiver) et inversement (l’été) - ruinant toute idée d’isolation performante - seront à supprimer. Si leur destruction ne met pas en péril le batiment, pas de pitié pour ces anomalies : il sera possible des les reconstituer plus tard, découplées de l’habitation par une épaisse couche d’isolant.
  • le sous-sol. Point crucial dans une rénovation thermique. Avant de débuter le projet, il faut avoir une idée précise d’une solution pour isoler le sous-sol. Si vous n’avez pas d’idée, demandez de l’aide d’un thermicien.
  • le toit. Il faudra rajouter de l’isolant, supprimer les fenêtres de toit en les remplaçant par des chiens assis. Soit la charpente actuelle supporte ces modifications, soit il faudra tout refaire. Ce n’est pas le même budget. L’orientation du toit et sa pente ont aussi de l’importance pour les capteurs solaires, qu’ils soient thermiques pour l’eau chaude ou photovoltaïques pour l’électricité. Le mieux : 45° plein sud. Mais le soleil est généreux et autorise des écarts importants.
  • le chauffage. Selon le mode de chauffage installé, il faudra en tirer partie. Un chauffage central ne se rénove pas pareil que de simples convecteurs électriques. Sachant que garder une chaudière sera inutile. Dans les faits, il faut étudier la suppression ou la réduction de beaucoup de radiateurs, et leur éventuelle alimentation par un source d’énergie renouvelable. Rappel : dans une maison passive, un système de chauffage traditionnel est inutile.

Prenez du temps, et soyez exigeant pour le choix de a maison à rénover. Les fondamentaux sont plus importants que les aspects décoratifs, temporaires. Ce sont des choix à long terme. Ces aspects seront de mieux en mieux pris en compte par le marché immobilier, jusqu’à la séparation entre bâtiments de valeur et bâtiments à détruire !