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Raccord isolant-menuiserie, détail passif

La suppression des ponts thermiques est la règle dans la construction passive, en rénovation comme en neuf. Les menuiseries certifiées passives sont conçues pour éviter les ponts thermiques, mais il faut parfaitement les raccorder à l’isolant pour les annuler complètement. Le détail de pose est important : le dormant des menuiseries doit disparaître dans l’isolation, ne laissant visible que l’ouvrant (ou l’équivalent pour les châssis fixes).

Raccord isolant imposte Raccord de l’isolation avec l’impose (châssis fixe) : l’aluminium disparaît sous le compribande, la fibre de bois du dormant se retrouve sous 30 cm de PSE.

Raccord isolation porte Raccord de l’isolation avec la porte d’entrée : le bois sert de support au compribande, le dormant disparait entièrement sous l’isolant.

Raccord blocs PSE porte Les blocs de polystyrène expansé graphité suppriment efficacement le pont thermique. La précision de pose est plus de l’ordre du millimètre que du centimètre.

Fixation de l'isolant extérieur

L’isolation extérieure est faite de blocs de polystyrène expansé graphité (PSE gris). Pour fixer ces blocs sur le murs, il existe plusieurs méthodes. La plus classique pour cette épaisseur est de cheviller à travers les blocs dans le mur (technique dite calé/chevillé). Mais cela nous posait plusieurs problèmes :

  • pour la thermique : chaque clou qui passe à travers le bloc est un pont thermique ponctuel qui est défavorable et doit être pris en compte dans le calcul. Pour palier à ce problème, il existe des clous à rupture de pont thermique (une partie est en plastique), mais ce n’est pas aussi bon que du polystyrène,
  • pour l’étanchéité : chaque cheville est un trou dans la barrière d’étanchéité. Et vu le nombre de chevilles prévues ( 8 au m2), cela faisait trop de trous et aurait sérieusement dégradé l’étanchéité de la maison,
  • pour l’économie : les chevilles coûtent cher, plus que la colle.

Il est aussi possible de coller les blocs avec un mortier spécial. A condition que le support soit adapté, suffisamment solide et de bonne composition (enduit hydraulique). C’était évidemment la solution préférable, mais elle dépendait de la qualité de l’enduit initial. Cela fait partie des défis de la rénovation. Pour cela, un test à l’arrachement a été effectué : Pastille arrachement Pastilles collées à différents endroits avec deux mortiers différent avant arrachement contrôlé

Les résultats des tests se sont avérés concluants, de justesse. La pose se fait donc au mortier, mais non pas par plot, mais à la spatule crantée, donc en collage continu : Collage bloc PSE

Dans les parties délicates, un double encollage est nécessaire. Il sert aussi à renforcer l’étanchéité à l’air la ou il existait encore un doute : Double encollage bloc PSE

Du soin apporté à la découpe et à la pose dépend directement la qualité de l’isolation. Si l’isolation intérieure traditionnelle n’est pas avare de gros et petits ponts thermiques, le but de l’isolation extérieure est bien de les supprimer, même les petits. La pose de gros blocs est donc d’autant plus délicate, car ils doivent être bien jointifs.

Caisson de store sans pont thermique

Pour éviter les ponts thermiques dans notre rénovation passive, les stores extérieurs (voir BSO) sont séparés du mur par 15 cm de PSE graphité. Le montage d’une telle solution s’avère délicat et pas tout à fait aussi performant que souhaité : les pattes de fixation sont longues, l’isolation est diminuée (15 cm au lieu de 30 cm), l’insertion du polystyrène derrière les caissons est délicate (donc longue, donc chère).

Caisson store mur

La solution performante serait d’utiliser des panneaux isolants sous vide (VIP en anglais), très isolants, à insérer entre le caisson et le mur. Chers et fragiles, ces panneaux sont pourtant bien à leur place à cet endroit protégé et pas très grand.

Comme ce problème est classique, il existe même des produits pré-fabriqués, plus performants, plus faciles à poser (et plus chers).

Caisson store isolé

Ce type de produit aurait eu toute sa place dans notre projet. Trop tard, ce sera pour les prochains.

Le sous-sol, cauchemar de la rénovation thermique

Ce qu’il y a sous le plancher bas est souvent source de problème en rénovation thermique : c’est un pont thermique imposant, non supprimable, puisqu’il supporte la maison. Il ne faut pas compter sur une construction incluant une rupture de pont thermique, c’est une solution qui était très rare.

Selon le type de fondation, vide sanitaire, dalle pleine ou sous-sol, le traitement de ce pont thermique est plus ou moins délicat. Dans notre cas, c’est un sous-sol semi-enterré qui fait 2,20 m de hauteur, avec des poutres à 2,0 m. Détail isolation sous-solCe sous-sol total est un des atouts de la maison. L’isolation du plancher bas va donc sacrifier une partie de cet espace :

  • la hauteur va descendre à 2,0 m, à condition d’utiliser un isolant très performant (le polyuréthane),
  • les murs périphériques et de refend (ils sont porteurs, mais non périphériques) seront isolés à l’intérieur en partie haute, diminuant ainsi l’espace disponible,
  • l’accès au sous-sol par l’intérieur sera fermé pour mieux l’isoler, la solution pour le conserver étant trop coûteuse.

Sans ces sacrifices, il serait trop coûteux d’atteindre la performance d’une maison passive. Mais il reste l’espoir de regagner cet espace lorsque les nouvelles technologies d’isolation seront devenues abordables, comme les isolants sous vide.

La cheminée

La première véritable action de rénovation passive a été une destruction symbolique : la cheminée existante a été détruite, ainsi que son conduit. Pour les experts du domaine, cela peut paraitre évident. Pour les autres, cette destruction est un symbole très pédagogique.

La cheminée nous renvoie au besoin de chauffage, ce dernier assurant un bien être certain. C'est aussi un symbole statutaire et social. Exhiber une cheminée de standing fait toujours impression au visiteur, même si la taille de l'écran plat remplace maintenant ce signe d'opulence. Le symbole social du foyer auprès duquel le groupe se réunit est encore fort, d'après les réactions négatives à cette destruction. Même s'il n'est plus nécessaire de se regrouper auprès du feu pour éviter le froid, il reste cette relation avec des moments magiques autour du feu.

La cheminée traditionnelle ne peut fonctionner dans une maison passive.
Tout d'abord, elle n'est pas étanche à l'air. Et ce n'est pas la simple protection contre la pluie dans le conduit qui résoudra ce problème.
Ensuite, c'est souvent un imposant pont thermique, plutôt du type viaduc que passerelle ! La cheminée apporte de la chaleur lorsqu'elle fonctionne, mais en emporte dès qu'elle s'arrête.

Entre une ventilation double flux et une cheminée, il faut donc choisir. Si une cheminée "tire" de l'air, elle désequilibre grandement la ventilation. Pour pallier à ce désequilibre, il faudrait ouvrir, ce qui n'a pas de sens si c'est du froid qui entre...

Et voilà comment, au coin du feu, nous avons parlé d'étanchéité à l'air, de pont thermique et de ventilation. Tout ça pour une cheminée. Pédagogique, disais-je.